[Review] White Blood Cells by Mr. Cellophane

Prendre tout le monde à rebrousse-poil, ça semble être le credo des White Stripes. White Blood Cells sonne encore comme un nouveau départ. Fin du blues, pas de reprises légendaires, chasse sur les terres du folk et du bon rock. Cet album catapultera les White Stripes vers une gloire internationale, pas encore en France cependant, mais outre-Manche, Hotel Yorba ou Dead Leaves and the Dirty Ground sont déjà des hymnes.

Prends-toi ce larsen dans la tronche, c’est ainsi que les White Stripes ouvrent le bal. On sent tout de suite que beaucoup plus de moyens ont été engagés et ce, dès les premiers accords de Dead Leaves and the Dirty Ground. Rupture totale avec le blues du delta, le duo joue enfin son rock, la voix de Jack se fait tantôt furieuse, tantôt suppliante. Meg n’a jamais tapé aussi fort sur sa batterie. Comment être à la hauteur après une claque pareille, en prenant son contre-pied bien entendu. Hotel Yorba apparaît comme une antithèse du premier morceau, une ballade entraînante et joyeuse vers ce bordel notoire de Detroit dans lequel les ouvriers venaient s’encanailler. Brûler ces deux cartouches d’un coup influe un peu sur le retentissement de I’m Finding it Harder to be a Gentleman, notons quand même un piano bien déglingué qui donne un peu de corps au morceau et une fin inattendue. Mais où est le rock ? Il revient et de belle manière avec Fell in Love with a Girl, bombe courte à l’orchestration super rapide et extrêmement répétitive, et ça marche ! Dans la même veine, Expecting n’atteint pas l’intensité de sa grande sœur, le rythme est bien plus lent, mais la voix de Jack est toujours aussi transcendante, presque un rap, il pose sa guitare un court instant sur Little Room orchestré par une Meg seule à la batterie et en rythme pour une fois, ce morceau apparaît comme une charnière dans l’album, entre deux parties que l’on a tout de même du mal à dissocier, étrange… The Union Forever voit un mélange de chant et de voix avec un break de fou sur lequel Jack chante uniquement rythmé par les saccades de Meg. Le morceau finit en apocalypse, du grand art… On ouvre alors un cycle de trois morceaux plus calmes : The Same Boy You’ve Always Known ne voit pas Jack crier une seule fois, ce morceau annonce déjà quelques sonorités que l’on retrouvera chez les Raconteurs cinq ans plus tard. Dans le même registre We’re Going to be Friends apparaît comme la chanson la plus calme du duo à ce jour : comptine acoustique et sans batterie, Jack murmure à sa muse qui revient pour l’occasion : « Walk with me, Suzy Lee », le chat-huant sait se faire doux comme un agneau… Offend in Every Way voit une guitare et un piano discret se mêler sur les refrains, pas inoubliable mais un bon morceau de transition avant l’hymne furieux… Difficile de connaître l’origine du titre du morceau suivant, mais ce qui est clair c’est que I Think I Smell a Rat, une invitation aux secousses de la tête. On est en plein dans l’esprit du duo : rythmique et guitare répétitive, le minimalisme poussé à son extrême. On devine alors que le duo attaque la pente raide de l’album, il se livre à de drôles d’expérimentations dignes d’un rock progressif à la Magma sur Aluminum : guitare d’une lourdeur incroyable, jeu de larsen, hurlements en cœur… Difficile pour I Can’t Wait et Now Mary de se relever après une telle intensité. I Can Learn sonne bizarrement : un rock lourd à la I’m Finding it Harder to be a Gentleman mais avec une sonorité de guitare très claire, presque à la Ennio Morricone, ce qui tranche avec la voix de Jack posée du début à la fin. This Protector clôt l’opus en beauté : juste un piano et les deux voix pour finir.

White Blood Cells reste pour l’instant, le meilleur album des White Stripes : le pari était osé. Tout recommencer à zéro (et même à moins de zéro par rapport à De Stijl), mais il est réussi haut la main. En pleine mouvance des groupes en « The », il se distingue nettement par la « patte » White Stripes, c’est devenu un classique du rock rarement égalé.

Mr Cellophane

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